La nuit n'a guère refroidi l'air de cet été caniculaire. Après un court sommeil à Biarritz, en ce 30 août 1964, Brel et son équipe doivent rallier Charleville pour le podium d'étape du Paris-Luxembourg. 1 200 kilomètres de chaleur épaisse à la poursuite de la course cycliste. Charley Marouani a eu l'idée salvatrice : louer deux avions au terrain voisin. C'est en place droite, que vers 13 heures, Jacques se brêle à bord d'un Gardan Horizon au côté de Paul Lepanse, ancien de l'aéronavale. Check-list, mise en route, alignement piste 27, face à l'Atlantique. Le monomoteur léger s'élance. A main gauche, l'étang de Brindos et le quartier de La Négresse, sous la voilure s'effacent. Cap nord-est. Nuages de langueur océane. Jacques questionne : tous ces cadrans, aiguilles, ces gouvernes, et la terre en bas, si belle, propre… Première leçon de pilotage. Les mains frémissantes du «grand» se font patientes, le manche qui commande est une caresse, une promesse. Le mobile suspendu maintient son équilibre à 245 km/h de croisière. Que de temps gagné ! Piloter est si facile. Le retour s'opère par «un temps de curé». L'aéronef musarde autour des châteaux de la Loire. «Je n'aurais jamais été chanteur si j'avais pu être Blériot.» Une histoire d'amour est née. «Tenter, sans force et sans armure / D'atteindre l'inaccessible étoile.»
«Un bel avion souple et léger»
En attendant, Jacques Brel, sous l'aile de Lepanse, commence son lent apprentissage : vols solo au bout de dix