Le titre Antisocial est définitivement posé comme un turban sur le crâne rasé de Bernie Bonvoisin, 52 ans, chanteur et coleader du groupe Trust. On vient voir Trust en concert et son chanteur comme on va voir un druide breton descendu de son arbre. Ou alors un ours en débardeur qui, chaque soir, se tiendrait sur les pattes arrières, car Bernie est extrêmement velu : «J'ai souvent les poils qui se dressent quand je suis ému. L'autre jour j'achète à la Fnac un CD d'une chanteuse que j'ai vu sur MTV et qui m'avait fait dresser les poils. Le type me dit à la caisse, à demi effondré sur son tiroir-caisse : "Non, pas vous, m'sieu Bonvoisin. Z'allez pas acheter ça, quand même !". "Mais je revendique aussi mon mauvais goût",que je lui dis.»
Au début des années 80, Bernie de Nanterre portait sur scène des pantalons en caoutchouc. D'où un chanteur pris de convulsions car le caoutchouc emprisonne et chauffe la cuisse, qu'il a toujours eue forte et remarquablement dessinée, et transforme le chanteur, du coup, en percolateur.
Mais qui est Bernie ? «Un mec avec beaucoup d'épaisseur, mais Bernie, c'est aussi une sensibilité de jeune fille», explique, admiratif et amusé, Antoine de Caunes, réalisateur, qui, dans les années 80, présentait Chorus, formidable émission dominicale de rock. Assis, l'ours Bernie n'est ni monstrueux ni hirsute. Il a deux oursons d'un premier lit (un garçon qui fait de l'ethnologie et une adolescente qui écoute du hip-hop). En un mot, l'our