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Critique

Chiwoniso, une voix entre Amérique et Zimbabwe

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Musique. La chanteuse africaine se produit ce soir à Paris.
publié le 7 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 7 novembre 2008 à 6h51)

Chiwoniso Maraire a deux pays. Le Zimbabwe originel, ex-Rhodésie raciste malmenée par le despote Mugabe, et les Etats-Unis de sa naissance, qu'elle a retrouvés depuis août, avec la crainte jusqu'au bout qu'Obama ne passe pas. «Mais, le traumatisme des années Bush est tel que les Américains n'avaient d'autre choix que le changement», dit la chanteuse, née près de Seattle, qu'elle a quitté adolescente, quand son père ethnomusicologue joueur de piano à pouce et sa mère chanteuse percussionniste sont revenus au pays. Le timbre fin et grave, Chiwoniso déclame souvent en shona, langue de son ethnie dominante, des airs exaltants comme ceux de son troisième album.

Elle y interpelle ainsi les Matsotsi («voleurs»), ces profiteurs d'un Zimbabwe à l'inflation astronomique depuis l'indépendance post-apartheid (1980) confisquée, que Bob Marley chanta. Cet été, au Zimbabwe, des Blancs autochtones deviennent SDF du fait de la «réforme agraire» qui ruine l'agriculture, comme Chiwoniso l'évoque dans Kurima («planter»).

Chiwoniso habite actuellement la Californie, fuyant son pays maternel où la police l'a arrêtée pendant quelques heures. Une intimidation dont elle estime s'être bien sortie, car «beaucoup d'artistes se font frapper». Devenue l'égérie de la nouvelle génération de la musique moderne zimbabwéenne, connue en Occident jusqu'ici uniquement par ses vétérans, tels Thomas Mapfumo, chantre de la guerre d'indépendance, Oliver Mtukudzi, Stella Chiweshe ou