Il y a dix ans, la Mexicaine Lila Downs faisait irruption dans la world music. Sa double culture (indienne mixtèque par sa mère, américaine du Nord par son père) se traduisait dans un folk latino imprégné de mythes indigènes. Avec son nouveau disque, d'une belle diversité, elle ose des textes franchement engagés et apparaît rayonnante : très belle avec des rubans roses tressés dans ses longs cheveux noirs de jais, épanouie et bien moins réservée que par le passé. «Pour ce disque, explique-t-elle, je ne voulais pas m'attarder en studio. Avec mon groupe, nous avons rodé sur scène les nouvelles compositions et avons enregistré très vite. Les sonorités de fanfares présentes sur plusieurs titres viennent à la fois des bandas du Mexique, de la musique second line de la Nouvelle-Orléans, qu'on joue dans les enterrements, et aussi des formations des Balkans comme le Taraf de Haïdouks.»
«Chiens noirs». La situation politique inspire certains titres de Shake away :Justicia, dont l'air colombien évoque Juanes, parle des luttes indiennes, et Perro Negro («chien noir») de la corruption du monde politique. «Le texte m'a été inspiré par une femme de ma région, l'Etat de Oaxaca, qui m'a dit : "Les politiciens sont malfaisants, la nuit ils se transforment en chiens noirs." La transformation de l'humain en animal, le nahualisme, est très présent dans les cultures indiennes du Mexique.»
En 2006, après l'élection avec une infime avance