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Libération
Critique

Lennon, remontées d’acide

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Littérature. En 1971, le Beatles assassiné parlait à «Rolling Stone». Cet entretien, exhumé dans son intégralité, réveille une personnalité d’artiste tranchant teintée d’orgueil délirant.
publié le 18 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 18 novembre 2008 à 6h51)

Après les confessions post mortem de sœur Emmanuelle, voici celles de John Lennon. Enfin presque : cet ouvrage est la version longue d'une interview publiée en 1971 dans Rolling Stone. Le magazine américain avait coupé de nombreux passages, jugés sans intérêt, ou qui risquaient de poser problème avec les autres Beatles, ou leurs avocats, ou leurs banquiers, ou tant d'autres associés à la cash machine du groupe inventeur - entre autre - du sigle historique Apple.

Même si ce texte intégral, dont la version anglaise a paru en 2000 aux Etats-Unis, ne contient pas de révélations ébouriffantes, sa lecture est particulièrement édifiante, car elle permet de se glisser, l’espace de deux ou trois heures, dans la tête de John Lennon, ici en confiance et en roue libre face à son interviewer, Jann S. Wenner, à un moment charnière pour lui et pour l’époque.

L'entretien a lieu à New York au début du mois de décembre 1970. Lennon a 30 ans, il ne lui en reste que dix à vivre. Les Beatles sont officiellement séparés depuis quelques mois, Jimi Hendrix et Janis Joplin viennent de mourir tragiquement, les années 60 sont bel et bien révolues. «Le rêve est terminé, martèle Lennon en plusieurs occasions. Je ne parle pas simplement des Beatles mais du truc générationnel. En ce qui me concerne, je suis revenu à ce que l'on appelle la réalité.» Voire.

«Génie». Car Lennon sort d'années de folie furieuse avec les Fab Four, de révération insensée et d'une