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Libération
Critique

L’union sacrée

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Jazz. Le duo cubain père-fils Bebo et Chucho Valdés, à Paris ce soir, s’est retrouvé au piano après quarante ans de séparation.
publié le 25 novembre 2008 à 16h23

«Le vrai génie de la famille Valdés, c'est Caridad Amparo. Elle n'est plus là, mais c'est grâce à elle que tout cela a été possible», confie Chucho en hommage à sa grand-mère. «Tout cela», ce sont les grandes retrouvailles du musicien cubain, 67 ans, avec son père Bebo, 90 ans. Un duo sur lequel personne n'aurait parié, qui s'est construit peu à peu, et qui fonctionne désormais à la vie à la mort.

Juntos para Siempre (Ensemble pour toujours), dit le titre de l'album réunissant les deux pianistes, un dialogue aussi musical que sentimental entre ces grandes figures de la musique cubaine (Bebo est un pionnier, Chucho est détenteur de cinq Grammy), autour de classiques de l'île caraïbe, standards de jazz et compositions propres. Le «génie» de Caridad Amparo, dont parle Chucho, c'est la volonté insistante de cette femme pauvre de Quivicán, près de La Havane, au début du siècle dernier, d'ouvrir sa progéniture à la musique.

Tout commencera par «un vieux piano, plein de termites, acheté 100 pesos», sur lequel le jeune Bebo fera ses gammes. Dans les années 50, Bebo Valdés et son orchestre deviendront une référence à Cuba. «Je me souviens, j'avais juste 4 ans et j'étais fier de monter sur ses genoux, raconte aujourd'hui Chucho. J'avais le meilleur professeur possible de musique classique et populaire.» «Lui avait déjà une main gauche extraordinaire», renchérit Bebo. Caridad Amparo rêve alors de voir fils et petit-fils, nés