Les jeunes punks à chiens cuvent de la Bavaria aux coins des rues. Les vieux punks à costume reçoivent dans des hôtels chics et sirotent de la Carlsberg au goulot. Ce jour-là, Mick Jones porte un habit lie de vin, une fine chemise rose avec pochette assortie et un manteau de cashmere marine. On l'avait quitté, voilà vingt-cinq ans, dans sa tenue de combat rock : uniforme de para avec béret et visage passé au brou de noix à Paris, panoplie de GI Joe face à la foule des stades américains. Il était la diva du Clash, toujours en retard, capricieux, amateur de mannequins et indifférent à la politique quand Joe Strummer pilotait le groupe comme un gang politico-rock incontrôlable.
Mick Jones n'a plus beaucoup de cheveux. Il porte de belles bagues aux doigts et ses interminables dents de devant sont usées comme celles d'un vieux cheval. Son rire claque souvent à la fin des phrases. Le sourire et les yeux restent alors plissés de longs moments, en vous fixant. Il n'est ni cynique, ni nostalgique, ni amer. Comme nombre de ses collègues rockers trop exposés aux amplis à haute dose et au casque des studios, il souffre d'acouphènes. A 53 ans, l'ex guitariste (et chanteur occasionnel) du Clash est ponctuel, prévenant, délicat et d'une courtoisie de milord. Amusant aussi, lorsqu'il dit ne connaître que deux musiciens français : «Johnny Hallyday et. Nicolas Sarkozy !».
Aujourd'hui, Mick Jones gère deux vies en parallèle : celle d'ex-gloire d'un groupe déflagrateur qui continue d'ins