Histoire de mettre quelques pendules à l'heure, il suffirait de jouer au blind test en écoutant son dernier album, Bonus Baby Boom,deuxième offensive discographique avec ses anciens élèves du Conservatoire. Parions qu'à la question «quel est, selon vous, l'âge du capitaine aux baguettes ?» nul n'imaginerait qu'il s'agit d'un musicien qui a fêté, cette année, ses 70 ans.
Batteur majuscule, peintre abstrait jusqu'à l'obsession et fanatique de gastronomie, Daniel Humair, né à Genève le 23 mai 1938, semble avoir hérité de ses origines helvétiques, cette précision horlogère qu'au cours d'une pratique longue d'un demi- siècle, il a peaufinée dans une approche immédiatement identifiable. Asymétrie des dynamiques, multiplicité de timbres, accélérations subtiles, riche est sa palette aux commandes du seul instrument que le jazz ait inventé, et qu'il n'a eu de cesse de faire évoluer. Notamment au sein de fameux trios équilatéraux sans leader, qui ont jalonné son parcours et façonné le jazz européen : Louiss et Ponty, Texier et Jeanneau, Kühn et Jenny-Clark. Jusqu'à ce dernier avec Joachim Kühn au piano et Tony Malaby, sax new-yorkais, qui lui a valu le prix de l'Académie Charles Cros pour la sortie de Full Contact, créé en novembre à Strasbourg, au festival Jazzdor.
«Chasser les tics.» A 7 ans, dans une fanfare genevoise, Daniel Humair ne tarde pas à démilitariser l'approche du tambour. Ado, il tombe en pâmoison à l'écoute de son prem