Après avoir invité le Bolchoï de Moscou à ouvrir la saison de Garnier avec sa remarquable production du Eugène Onéguine de Tchaïkovski, Gérard Mortier propose de débuter l'année à Bastille avec la production exemplaire du Nederlandse Opera d'Amsterdam de la Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch, longuement ovationnée samedi soir. On redoutait le pire avec Martin Kusej qui, à Salzbourg, réduisit les situations complexes de Don Giovanni à une seule idée : la ronde infernale du désir, représentée littéralement par un manège tournant durant trois heures sur scène. Le metteur en scène autrichien a été autrement inspiré par le prosaïsme cru de Lady Macbeth : la femme d'un marchand entame une liaison avec un jeune ouvrier dénommé Sergueï. Découverte par son tyran de beau-père, elle l'empoisonne. Puis, aidée par son amant, assassine le mari à son retour. Le tout finit très mal.
Si le vocabulaire visuel de Kusej est celui du théâtre est- allemand des années 70, la rigueur et l’intelligence de sa syntaxe théâtrale sidèrent. Trois murs de planches sombres encadrent l’immense plateau nu. Au milieu, un pavillon de Plexiglas éclairé de néons blancs. De part et d’autre, des bergers allemands. A l’intérieur, un alignement de paires de chaussures et une femme, la soprano Eva Maria Westbroek, bête de style peroxydée, déploie son cantabile vénéneux et hypnotique sur l’ennui, couleur russe.
Cette maison, on y entre de plain-pied ou par de simples échelles de