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Critique

Kulik spatialise Monteverdi

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Baroque. Le plasticien russe transforme le Châtelet en basilique de science-fiction pour y donner une version psychédélique des «Vêpres de la Vierge».
publié le 27 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 27 janvier 2009 à 6h51)

Sur le trottoir du théâtre du Châtelet, d'énormes bidons rouillés recrachent des flammes devant lesquelles plusieurs badauds se réchauffent. Préfiguration ironique d'un Paris en voie de paupérisation ? Disons plutôt qu'Oleg Kulik se revendique «artiste de l'espace» et qu'il a investi totalement celui du Châtelet pour y présenter sa production scénique des Vêpres de la Vierge de Monteverdi.

Pénombre. Traversés de simili-paysannes agitant une cloche pour annoncer le début du spectacle, le hall, les couloirs, la salle ont été retapissés, baignant désormais dans une douce pénombre. Toutes les sources lumineuses - des appliques au grand plafonnier - ont été dotées d'ampoules aux couleurs changeantes.

Ce qui, ajouté aux projections vidéo, rampes de néons et autres rayons lasers, produit pendant deux heures de saisissants vitraux éphémères, évoquant les concerts du Pink Floyd ou la piste du Palace à la fin des années 70. D’autant que le chef, Jean-Christophe Spinosi, est coiffé d’un disque de lumière et que les costumes de nonnes unisexe rappellent les créations de Thierry Mugler.

Oleg Kulik n'a pas rhabillé que les corps et les surfaces, mais aussi l'espace sonore. Bruits de nature ou urbains enregistrés, sonneur de cloches sur le plateau, chœur tantrique tibétain dans la fosse, créent des transitions inédites entre les différentes sections des Vêpres données par l'Ensemble Matheus, sur scène, et par le chœur et les solistes disséminés dans