Commande de l’Opéra national de Paris et coproduction de la Monnaie de Bruxelles et des Wiener Festswochen, où il sera ensuite présenté, le nouvel ouvrage lyrique de Philippe Boesmans a été créé samedi soir au palais Garnier.
Sauvageonne.Il y a quinze ans, Reigen, d'après la Ronde de Schnitzler, première collaboration du compositeur belge et du librettiste et metteur en scène Luc Bondy, fit événement en réconciliant - comme rarement pour un opéra contemporain - critique et public. Depuis, le tandem aligne les succès : un Conte d'hiver d'après Shakespeare en 1999, Julie d'après Strindberg en 2005 et enfin Yvonne, princesse de Bourgogne d'après la pièce de Gombrowicz, ovationnée par le public de la première. Comme pour Julie, Bondy et sa colibrettiste Marie-Louise Bischofberger ont condensé le texte pour accentuer la violence de son propos. Ici, une sauvageonne choisie par un jeune prince rebelle qui l'impose un temps à sa cour, avant de l'occire, pour satisfaire, entre autres, tous ceux que sa présence a bouleversés en leur révélant leurs propres laideurs et mesquineries. Boesmans n'a pas sous-titré son ouvrage «comédie tragique en quatre actes et en musique» pour rien. Car c'est toujours pour le théâtre et le verbe qu'il compose ce qui sonne comme du cousu main en direct. Yvonne descend du théâtre de conversation straussien ainsi que du Wozzeck prosodique de Berg, mais reste tota