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Critique

La philoSophie Hunger

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Folk. Rencontre avec la jeune chanteuse suisse qui sort «Monday’s Ghost», un premier album distingué au charme inquiet.
0 (DR)
publié le 10 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 février 2009 à 6h51)

La première chose qu'on retient, à l'aune d'une certaine forme de beauté distante, c'est la fermeté de la poignée de main. Sophie Hunger étant d'origine suisse alémanique, nul ne saurait lui tenir rigueur de ne pas donner dans l'effusion latine. Quand on lui suggère de définir sa personnalité, la native de Berne se cabre un peu : «Je ne la connais pas. Je ne me connais pas. J'invente des choses, je joue et mon tempérament dépend des situations. Vous avez Barthes, Derrida, Lacan, Foucault qui ont formulé tout ça à travers un langage que je ne maîtrise pas et, de toute façon, la musique dépasse ce type de considération. Lorsque je m'intéresse à l'univers artistique de Bob Dylan, peu m'importe sa nature humaine.»

Sédiment jazzy. A 25 ans, Sophie Hunger vient de sortir son premier CD sur le territoire français. Dès le soir où on l'avait découverte sur une scène de club hollandais, en janvier 2008, il paraissait évident qu'elle allait faire parler d'elle. Treize mois plus tard, Monday's Ghost valide son entrée officielle, après une bouteille à la mer confectionnée «presque seule, à la maison», Sketches on Sea, sédiment jazzy soul qui mériterait aussi un jour de circuler.

Mais n'allons pas trop vite en besogne, à propos d'une auteure qui constelle ses compositions de points d'interrogation. «Je pense avoir trouvé aujourd'hui une place, sans être pour autant convaincue que ce soit durablement la mienne, concède la chanteuse. Disons que