Elle a eu sa période rose. Baskets roses, robes roses, cheveux roses. Un rose barbe à papa qui ne va à personne mais qu'elle pouvait se permettre eu égard à sa jeunesse, à sa nationalité britannique et à une viscérale envie de lancer aux tabloïds un «vous en voulez encore ? Attendez, vous serez pas déçus». Sa manière à elle de leur dire fuck you, amabilité dont elle abuse au point d'en faire un des titres de son deuxième album. C'est chanté d'une voix sucrée, enrobé de pop acidulée ambiance fête foraine, mais ça reste un fuck you en bonne et due forme. Adressé «à George Bush, aux gens stupides, aux racistes, à tous ceux qui ont des préjugés». Pas bien risqué, mais détonant quand même. Du pur Lily Allen. Crâneuse avec le sourire, joyeusement délurée, vaguement rebelle, agaçante parce qu'un peu sale gosse et attachante pour la même raison. Plus complexe que ne le laisseraient croire ses allures de petite fille gâtée. Une maligne qui a bien compris depuis le succès record à l'été 2006 de son single Smile qu'au royaume du formatage, cultiver ses excès et son franc-parler serait la clé du succès. Ça tombe bien, elle n'a pas à trop forcer sa nature.
Avant le rose, elle a eu sa période blonde. C'était il y a un an et elle était «complètement en vrac». Les choses avaient pourtant bien commencé. Son album Allright, Still, douze bonbons pop tirant vers le ska, le hip-hop et le calypso, s'écoulait comme des petits pains (2,5