Un samedi soir, fin janvier, à Saint-Quentin-en-Yvelines. Bravant le vent glacé qui souffle sur la place crypto-stal' signée Boffil, la foule s'engouffre dans le grand théâtre qui affiche complet pour le Don Giovanni donné par David Stern, son ensemble sur instruments anciens Opera Fuoco et la troupe-atelier qu'il a créée - à l'instar de William Christie et son Jardin des voix - pour former et aider les jeunes chanteurs à se lancer dans la carrière. Donné l'an dernier en version de concert dans le même théâtre, où l'ensemble de Stern est en résidence, le chef-d'œuvre de Mozart et Da Ponte y était présenté, il y a dix jours, dans une mise en scène de Yoshi Oida, acteur fameux de spectacles de Peter Brook et metteur en scène du Curlew River de Britten à Aix et d'une production scénique du Chant de la Terre de Mahler à l'Opéra de Rouen.
Fait assez rare pour être signalé : quand le public de Bastille s’époumone en quintes de toux au moindre silence de l’orchestre, voire en plein aria, les groupes scolaires black-blanc-beur, visiblement bien préparés, n’ont pas moufté pendant les trois heures durant lesquelles on aurait entendu une mouche voler.
Si l'on est venu saluer le courage de David Stern qui, comme de nombreux directeurs d'ensembles français, travaille sans subventions de l'Etat, force est de reconnaître que son Don Giovanni tient aussi la route. Certes, l'orchestre ne sonne pas, dans cette salle moderne, et offre peu de couleurs, d'assise