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Libération
EDITORIAL

De sa belle mort

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par BAYON
publié le 16 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 16 mars 2009 à 6h51)

«Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble…» : Ainsi saluait Bashung, en 2003, récitant Villon dans une «Anthologie de la poésie française» bien étrange à réécouter à présent.

La mort qui «ne surprend point le sage» («Il est toujours prêt à partir») n'a pas été chienne avec l'ami Bashung, elle lui a offert trente ans de sursis, de carrière unique ; et à nous 30 glorieuses de compagnonnage binaire, de Libération chanté.

De Gaby 79 au saut 2009, le quotidien de Sartre et le rock de Bashung ne se quittent pas. A un point d'intimité fusionnel. La petite chanson du réveil et la berceuse du soir, l'air du spleen léger, corps et âme, guerre et paix, entre Gainsbourg et Faithfull, c'est l'ami Bashung.

Cœur solitaire à gauche, charmeur, fumeur alcoolo sans feu ni lieu, rêveur kamikaze comme nous mieux que nous, il aura fait notre époque à coups d'airs du temps. De Bijou, bijou àOsez Joséphine, de Ma Petite Entreprise en What's In A Bird, de C'est comment qu'on freine à Lavabo ou le Chat, de Madame rêve à Reviens va-t'en, sans trêve, tout de lui nous parlait, le journal disait tout de lui.

Touche pas à mon pote, c'était lui, bien sûr textuellement, immigré de l'intérieur, enfant prolo naturel de père kabyle et mère bretonne élevé en Alsace comme bâtard par un beau-père boulanger, dans la rumeur en écho des bombardements de la dernière ; lui, portant keffi