Quand on lui demandait, il y a dix ans - c’est-à-dire à une époque où la question ne présentait pas un caractère déplacé -, comment il envisageait «la fin», Alain Bashung formulait ainsi sa réponse : «J’ai abandonné l’idée que la vie pouvait être facile, mais je crois m’en sortir… Je ne pense pas tellement à la fin. Le fait que les choses s’arrêtent un jour ne me paraît pas extrêmement important. Ça m’ennuierait de souffrir pendant des années. A part ça, je ne me vois pas finir en train de regarder la télé, assis dans un fauteuil. Il faudrait que ce soit en faisant quelque chose, un disque, un spectacle. Mais ça m’ennuierait beaucoup de ne pas aller au bout. Je trouverais cela impoli.»
Fidèle à sa parole, Alain Bashung a fait de son mieux pour honorer le contrat. Il n'est pas allé jusqu'au bout, mais le plus loin possible, capitulant, entre deux concerts «reportés» ad vitam æternam, deux semaines après avoir douloureusement animé sa propre oraison funèbre à la télévision. Alain Bashung est mort samedi après-midi à 61 ans, entouré des siens à l'hôpital Saint-Joseph, à Paris. La chimiothérapie n'est pas parvenue à prendre le dessus sur ce cancer du poumon dont il souffrait depuis environ deux ans.
Longtemps tue, la maladie avait été ébruitée à son corps défendant. Il n'aimait pas en parler, en public du moins, même de biais. Ultime pirouette, d'une implacable élégance, alors que les effets du traitement médical ne permettaient plus d'ignorer la réalité, il posait c