Alain Bashung était attendu demain soir sur la scène parisienne du Grand Rex. Après-demain aussi. Il ne viendra pas, mais ne s’y était résigné qu’in extremis, faramineux faraud. Jeudi, officiellement, le concert était maintenu, imperméable à la cruelle évidence. Ces derniers temps, les rendez-vous qu’il avait fixés avec le public avaient été ajournés, pas annulés. Il ne le souhaitait pas. En province, comme à Paris, on disait donc «concerts reportés», sans trop oser demander à quand. Avant ces deux Grand Rex volatilisés, deux autres, dans les premiers jours de mars, avaient connu le même sort. Mais auparavant encore, Bashung avait rempli comme presque jamais toute une série d’Olympia, dont il était ressorti une nouvelle fois grandi ; puis des rendez-vous dominicaux fixés avec élégance à l’Elysée-Montmartre, autre étape fameuse sur la carte des salles parisiennes. Là, chaque fin de week-end automnal, il mobilisait ses troupes, de plus en plus nombreuses, puisqu’attirées par la rumeur fondée de moments fulgurants, et conscientes du fait qu’il ne fallait plus tarder. Que le temps était peut-être compté.
Chapeau. A l'Olympia, Bashung reprenait Angora vers la fin du spectacle.«Les pluies acides décharnent les sapins/ J'y peux rien, j'y peux rien/ Coule la résine/ S'agglutine le venin/ J'crains plus la mandragore/ J'crains plus mon destin/ J'crains plus rien/ Le souffle coupé/ La gorge irritée/ Je m'époumonais/ Sans broncher.» Contextuel