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Libération

La sensualité au bord des lèvres

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Dans le film de Paule Muret «Rien que des mensonges», l’acteur exhale une intensité qui trouble.
publié le 16 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 16 mars 2009 à 6h51)

Bashung, c'est une silhouette, une voix, un son, une élégance, une époque. Certainement. Mais, pour nous, c'est d'abord une bouche. Une bouche comme un bonbon. Ce n'est pas nous qui l'avons dit en premier, malheureusement, c'est Fanny Ardant/Muriel dans le beau film de Paule Muret, Rien que des mensonges (1991). Il y a dans la vie des phrases qu'on attrape au vol comme ça et qui en changent le cours. Bashung/Adrien et sa bouche comme un bonbon nous ont longtemps hantée, jusqu'à nous aider à séduire un garçon qui avait la même. Et qui comptera. «Tu ressembles à Bashung, tu as la bouche comme un bonbon.» Le garçon a fondu.

On a vu Bashung chanter sur scène. C'était en octobre, aux Docks de Marseille, ombre frémissante portée par les milliers de spectateurs venus s'amasser pour lui, dans un froid de glace, sous une bretelle d'autoroute désaffectée. Mais ce souvenir, aussi fort soit-il, n'est rien comparé à sa performance d'acteur dans Rien que des mensonges. Bashung y joue Adrien, l'amant-objet que Fanny Ardant/Muriel utilise pour faire mal à son mari infidèle (Jacques Perrin). Il parvient à charger l'objet d'une force, d'une intensité qui nous trouble encore rien que d'y songer. Peut-être sa façon de dévorer Fanny Ardant du regard, yeux plissés, tête penchée, cigarette entre les doigts. Et elle, inaccessible et capricieuse, qui se laisse faire, par ennui et envie de jouer avec le feu. Lui encore, sa façon de marcher à côté d'elle au petit matin sur le