Le second album d'Elvis Perkins est un recommencement. D'ailleurs, il est signé Elvis Perkins in Dearland, du nom du groupe que l'Américain, 33 ans au dernier pointage, forme depuis ses premiers pas scéniques avec trois comparses devenus indissociables de sa musique. A l'époque de la sortie d'Ash Wednesday, premier disque cathartique paru en 2007, on s'attendait à voir débarquer un garçon solitaire voûté par le poids de son histoire personnelle - qui transpirait des chansons.
Folk. Mais Elvis Perkins est au-dessus des pleurnicheries, et ses aspirations à emballer le folk dans une brass music de chambre l'emportaient rapidement. Une grosse caisse pour le tempo, quelques cuivres pour la lumière, et des chansons s'envolant vers autre chose qui faisaient oublier le pourquoi de leur existence : Elvis Perkins a perdu son père (le comédien Anthony Perkins, mort du sida en 1992), puis sa mère, qui se trouvait dans l'un des avions projetés contre les Twin Towers le 11 septembre 2001. Ash Wednesday faisait de ce double deuil un tapis de feuilles cornées à chasser du pied, laissant place nette à l'éclosion d'Elvis Perkins in Dearland.
En 2009, la musique est la continuité des derniers concerts, très orchestrée et instantanée. Mais l'état d'esprit, lui, est tout autre. «J'ai eu ma dose d'attentisme, de confusion et de peur, estimait récemment le chanteur aux lunettes rondes. Je n'y crois plus aujourd'hui.»
Joue