La valise attend au pied de la table, à côté de l'harmonium indien. Prêts pour la route que Denis Péan et son groupe, Lo'Jo, reprennent pour une nouvelle tournée en France, Grande-Bretagne, Géorgie et Asie. La scène est le moteur de cette tribu qui voyage sans s'essouffler depuis plus de vingt-cinq ans. Et les disques sont autant d'étapes pour dessiner des feuilles de route.Cosmophono, qui vient de sortir, emprunte un chemin de traverse dans la carrière indocile des Lo'Jo. Un chant mélancolique empreint d'urgence court sur douze titres. La «traînée de poudre, le cercle des villes, les rumeurs des rêves et les mots du Levant» de Bazar savant, leur précédent album, avaient précipité des galeries sonores africaines et tziganes, agencé des images diaprées et bricolé des énigmes lumineuses. Les machines et des instruments très en avant s'en donnaient à cœur joie pour chahuter les chœurs et endiabler les sons.
Immédiateté. Cette fois, la voix a le dernier mot. Symboliquement, elle boucle les quarante-quatre minutes de Cosmophono dans une profonde descente dans les graves. «J'ai ressenti le besoin de prendre un peu plus la parole, reconnaît le chanteur-fondateur des Lo'Jo. C'est l'occasion d'exprimer une autre facette du groupe.» Au fil des tournées et des albums, Péan gagne en subtilité. Aux envolées claudicantes et chamaniques des débuts, s'est substitué un chant rond et sableux. «Le privilège du temps est