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Libération
Critique

Le jazz à l’œuvre

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Arts. L’influence d’un genre musical sur un siècle de création décryptée au Quai-Branly.
Carl Van Vechten - Portrait de Billie Holiday ,1949. © Washington, Library of Congress, Prints and Photographs Division
publié le 1er avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 1er avril 2009 à 6h52)

La proposition est singulière mais explicite : montrer «la contamination des arts visuels par le jazz». Belle idée. Non que l'on s'attende à découvrir dans l'expo du Quai-Branly une improbable «esthétique jazz» (quelle horreur !). Mais il semble a priori légitime de penser qu'une musique aussi vivante, diverse, contestataire, incarnée que le jazz, dont les multiples courants ont modelé en creux leur époque, qui a traversé le siècle portée par des gens qui ont eu le sentiment de jouer leur peau à chaque chorus ou presque (nous parlons des meilleurs et des plus honnêtes), bref, dont les enjeux se sont souvent situés au-delà de la musique même, eh bien oui, on peut supposer que cette musique-là a influencé les autres arts, et que sa trace est passionnante à analyser. Et on aura raison de le supposer. Car l'exposition montée par Daniel Soutif, bon connaisseur tant du jazz que des arts plastiques, dévoile un contrechamp captivant. Et vaste de surcroît, avec près de 1 000 pièces (tableaux, sculptures, photos, films, livres) présentées sur les 2 000 m2 de la «galerie jardin».

Mais attention : le visiteur risque d’éprouver un plaisir assez différent selon qu’il arrive attiré par le son, par l’image ou par hasard. Quatre principaux cas de figure.

1) Vous connaissez le jazz mais peu les arts plastiques.

Le jeu consistera alors à parcourir l'exposition (comptez deux bonnes heures) en divisant les artistes exposés entre «square» et «hip», c'est-à-dire en mettant d'un côté ceux qui n'ont trouvé dans cette musique qu'une inspi