Ayant, de son propre aveu, le goût de la polémique, Gérard Mortier - qui achève en juillet son mandat à la direction de l'Opéra de Paris - a encore fait mouche avec une production invitée, cette fois, de l'Opéra de Novossibirsk, en Sibérie. Un Macbeth signé, comme le très bel Eugène Onéguine du Bolchoï présenté à Garnier en octobre dernier, par le metteur en scène, décorateur et costumier Dmitri Tcherniakov.
Coqueluche du monde du théâtre, Tcherniakov, né en 1970, n'est pas un «enfant terrible» de l'opéra, au sens où il y a autant de profondeur et de classicisme dans sa direction d'acteurs ou dans les tableaux qu'il compose, que de volonté d'adapter ou de «moderniser». Il en redonne la preuve avec ce Macbeth, dont le palais ressemble au bureau des Ceaucescu et le Royaume est figuré par un décor stylisé et naïf à la Nicky Rieti et des projections vidéo façon Google Map, qui traduisent ingénieusement distance et hauteur séparant le pouvoir et le peuple.
Eclairage. Pas de sorcières ni de forêt de Birnam, donc, mais des nuages noirs tournoyant en permanence dans le ciel. De quoi faire fuir quelques spectateurs, dans les premières minutes, et huer quelques autres au moment des saluts, tandis que certains se réjouissaient de cet éclairage contemporain d'une «tragédie du pouvoir» universelle.
Force est de reconnaître toutefois que les libertés prises par Tcherniakov choquent moins que celles d'un Marthaler transformant Violetta Valéry en Edi