Dans le quartier d’El Abasto à Buenos Aires se trouve un lieu que le visiteur mélomane ne doit pas négliger : le Club Atlético Fernández Fierro, garage transformé en centre (contre-)culturel en 2005 par le membre de l’Orquesta Típica Fernández Fierro, afin d’y jouer, mais aussi d’accueillir une programmation audacieuse. Ce mois-ci, c’était le Cuarteto Cedrón, de retour en Argentine, ou le singulier projet tango-fado de la chanteuse Karina Beorlegui.
Mais la Fernández Fierro est essentiellement connue comme orchestre de tango, l'un des plus originaux dans le paysage actuel. Et qui détone dès l'entrée en scène des douze musiciens : tresses rastas, crânes rasés, piercings… Un coup d'œil à leur discographie peut les faire prendre pour des hérauts heavy metal : le premier CD en 2001 montrait une main brandissant un tesson de bouteille, le suivant, en 2003, est baptisé Destrucción Masiva ; quant au titre du dernier, Mucha Mierda, il se passe de commentaire.
Un ensemble tango punk alors, comme on l’a étiqueté parfois ? Non pas. Le groupe reste musicalement fidèle aux canons du genre. Ni guitare électrique, ni batterie, ni boucles électroniques, mais une section de cordes, piano, contrebasse, et quatre bandonéons en première ligne, une impressionnante soufflerie qui embrase les salles. L’OTFF est même apprécié des danseurs pour ses rythmiques carrées. Sa différence et son côté rock s’expriment dans la rage de jouer et dans la voix de gravier du chanteur, Chino Labord