C'est le clash du moment : le rappeur menaçant versus le polémiste arrogant. Dans A force de le dire, diffusé sur son site Internet fin mars, Youssoupha a traité Eric Zemmour, journaliste du Figaro et chroniqueur de l'émission On n'est pas couché sur France 2, de «con» et promis «un billet à qui le fera taire». Quatre secondes sur un morceau de cinq minutes qui rappelle entre autres que malgré l'élection d'Obama, «on ne changera pas le monde en un week-end avec un "Yes we can"», et que dans le Kop de Boulogne du Parc des Princes, on insulte toujours les joueurs de foot noirs. Zemmour a porté plainte le 25 mars, pour «menaces de crime et injure publique».
Dans le rap, insulter est parfois une seconde nature. Nique ta mère est même le nom d'un groupe phare du rap français (NTM). En revanche, écrire une tribune dans un quotidien national n'est pas trop le genre de la maison. Youssoupha, 29 ans, s'y est collé dans le Monde la semaine dernière, pour expliquer qu'il n'est pas «le rappeur-gangster-tueur qui veut faire tuer Eric Zemmour». «Il faut comprendre, écrit-il, "faire taire" par le remettre à sa place, le mettre face à ses contradictions». Eric Zemmour et son avocat Olivier Pardo n'ont pas été convaincus et le journaliste s'est constitué partie civile pour qu'une instruction soit diligentée. Me Pardo : «Il peut tourner la phrase comme il veut mais con est une injure