Comment se présenter comme un «groupe rétro» et dans le même mouvement produire une musique fièrement avant-gardiste ? Grails, quartet de Portland, Oregon, a récemment trouvé une réponse fascinante et vient enfin la défendre sur scène en France cette semaine (ses premières dates hexagonales depuis 2006), armé en bonus d'Acid Rain, un DVD pour les fans tout juste sorti, qui regroupe les habituels titres live et des vidéos déroutantes.
Né en 2003 comme un énième groupe de post-rock instrumental trop froid pour être attachant, Grails a muté au fil d’une discographie boulimique (six albums en cinq ans, dont deux en 2008) en fleuron metal revendiquant exclusivement des passions vieilles d’au moins quarante ans. Le groupe liste ainsi le psychédélisme musclé des Japonais du Flower Travellin’ Band, le krautrock allemand d’Amon Düül, l’orientalisme drogué d’Agitation Free, la country dénudée façon Buck Owens… Et Pink Floyd version seventies largement au-dessus du lot.
Paysages.«Je suis fortement intoxiqué par la façon dont Roger Waters utilisait le médium de la musique pour pousser à bout une vision misanthrope qui maudit le monde moderne», explique ainsi Emil Amos, batteur et gardien de la philosophie un rien nihiliste de Grails. C'est qu'en se densifiant depuis deux ans, la musique des Américains s'est faite toujours plus sombre et cinématographique, allant jusqu'à muer dans son dernier album sorti fin 2008, Doomsdayer's Holiday, en paysage