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Libération
Critique

Khaled râle toujours

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World. Le roi d’Oran revisite sa jeunesse raï en CD et à l’Olympia.
par BAYON
publié le 15 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 15 mai 2009 à 6h51)

Liberté est un album trompeur. Best-of sans en être, florilège d'airs anciens, pèlerinage. On le prend avec réserve, pff, vraiment daté le coup du raï. Et ce titre à «message» : comme si un Khaled 2009 pouvait poser à la conscience politique, porte-voix de l'Algérie niquée par son Etat truand, en mal de «Liberté»

Puis, mine de rien, on reprend du bon pied ; par exemple à Ya Minouna. Soit la fin, dont l'intro orientale évoque étrangement l'Asie fantôme et dont la composition primitiviste accroche. Sonorité bledarde, nomadismes. Telles les bandes barbares marocaines du beat-écrivain Paul Bowles pour CBS : 33 tours musicologiques sur l'air de Leurs mains sont bleues.

La dérive tectonique du disque gris est lancée. De Zabana, mélopée épaissie, en Raïkoum heurté, de Ya Bouya Kirani en Soghri, de Sbabi Ntya ou Sidi rabbi en Gnaoui - fleuron du disque, cadencé à la guitare juju-rumba -, on mord aux «intros».

Tradition pure. Un trait saillant du CD, mis en scène par l'ancien page Libération passé de longue date à la production Martin Meissonnier, que ce retour du refoulé «préludes» - ou mawwâl-s. De tradition pure et dure, l'envolée vocale au cœur du morceau se voit annoncée par un appel, mise en train tendant à constituer un morceau (de bravoure) en soi. Comme les bons guerriers antiques commençaient par s'injurier à froid pour mieux