Le crépuscule descend sur le Lincoln Center et l’immense photo de Natalie Dessay ornant le Metropolitan Opera. Mais c’est dans l’Avery Fisher Hall qu’a lieu l’événement de la saison new-yorkaise : une intégrale des symphonies - plus quelques concertos - de Prokofiev, donnée en une semaine par le London Symphony Orchestra (LSO) et son directeur musical Valery Gergiev.
Si ce «Prokofiev World Tour» passant par l'Europe, les Etats-Unis et le Japon, fait sensation, c'est parce qu'il marque l'entente miraculeuse entre un chef, un orchestre et un compositeur. Que Gergiev soit le plus puissant ambassadeur de Prokofiev aujourd'hui, on le signalait dans ces colonnes il y a douze ans, après l'avoir entendu diriger une Suite scythe d'anthologie au Mariinski de Saint-Pétersbourg. Mais qui aurait pu imaginer le choc de l'Intégrale des symphonies, enregistrée live avec le LSO, en 2006 pour Philips et qui s'est aussitôt imposée comme la référence discographique ? En octobre, le public parisien fit l'expérience de symphonies n° 1, 2, 6 et 7, rendues à leurs contrastes écrasants comme à leurs tendres nuances, à leurs couleurs éblouissantes comme à leurs rythmes savamment agencés. Mais ce n'est rien en regard de la deuxième partie du cycle : les deux versions de la Symphonie n°4, la monumentale n° 5, le Concerto pour piano n° 3 donné par Lang Lang et le Concerto pour violon n° 2 interprété par Vadim Repin.
A l'Avery Fisher Hall, dès