C'était il y a un mois, devant une Cigale acquise. A l'issue d'un show à dimension messianique, Ben Harper avait tenu à remercier son heureuse première partie : «Piers Faccini, l'un des meilleurs songwriters… Et si vous aimez sa musique, vous devriez voir ses tableaux !» Clin d'œil du gourou à la double casquette du protégé. Car, plus qu'un passe-temps, la peinture constitue le mode d'expression premier de Faccini, legs d'un père italien et d'une mère britannique. Les racines se trouvaient là, dans les pinceaux. La musique, elle, s'est imposée avec une autre évidence, brute. Il y est venu seul, le spleen en bagage. Parcours discret et réussi, poursuivi avec Two Grains of Sand, troisième album apaisé.
Depuis Tearing Sky, le précédent, en 2006, patronné par JP Plunier (manager de Ben Harper et producteur de Jack Johnson), Faccini a eu des envies d'indépendance. Non que l'expérience californienne ait été déplaisante, mais la configuration se révéla différente : l'envie de prendre son temps, de faire un pas de côté. Jouer l'ascèse pour mieux revenir. Une parenthèse plus tard, voici donc Two Grains of Sand, façonné en douceur dans les Cévennes, où Piers Faccini a élu domicile avec femme et fils. Silhouette Giacometti et regard limpide, il raconte : «J'étais tellement bien dans mon cocon. Quand on est en studio, il y a des contraintes de temps, d'argent. Chez moi, je pouvais passer trois jours à bosser un arrangement ou une voix… Ciseler les