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Critique

K’Naan, honni soit qui Somalie pense

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Rap. En concert ce soir à l’Alhambra, l’artiste en exil veut tourner la page de son enfance à Mogadiscio.
publié le 27 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 27 mai 2009 à 6h52)

Pas facile d'être un artiste somalien par les temps qui courent : «Il y a quelques mois, sur une émission de radio plutôt marrante aux Etats-Unis, raconte K'Naan, qui a sorti son deuxième disque en France lundi, l'animateur blaguait sur mes cousins. Je lui disais que j'avais peut-être des pirates dans la famille. Le jour où le capitaine américain d'un navire a été kidnappé dans le Golfe d'Aden, la radio a rediffusé l'émission. Ce n'est pas très malin. Le pire, ça a été le titre idiot d'un magazine hip-hop : "K'Naan est-il avec les terroristes ?''» Voilà ce rappeur qui a fui Mogadiscio au début des années 90 à l'âge de 14 ans obligé de se justifier dans les médias américains et arabes sur les malversations de ses compatriotes.

Neveu d'une grande chanteuse et petit-fils d'un poète somalien, K'Naan en a pourtant marre de parler de son enfance dans un pays en guerre. Oui, il est l'unique survivant d'une fusillade qui a tué trois de ses amis ; d'accord, il revendait les douilles des guerriers au marché ; il admet même être un enfant de la guerre, mais aujourd'hui, c'est en «troubadour» - le titre de son dernier album, qui remporte un beau succès aux Etats-Unis depuis deux mois - qu'il se rêve : «Je suis musicien avant d'être somalien», précise-t-il.

«Sofa». Repéré par le rappeur américain Mos Def, puis par les frères Marley, Damian et Stephen, K'Naan a enregistré son album à Kingston, dans le Tuff Gong studio de Bob Marley le jour, et dan