Imaginons qu’un alchimiste musical s’enferme dans un laboratoire pour mettre au point la formule magique qui instillerait les rythmiques de la samba dans le rock… Le chanteur nordestin Lenine s’en est approché, mais la réussite la plus convaincante dans le domaine revient au nouveau disque de Pedro Luis et son groupe A Parede (produit, tiens donc, par Lenine).
Ponto Enredo (traduction libre : «messe de carnaval») offre des mélodies en dentelle, une architecture dense de percussions, beaucoup de poésie et d'agréables apartés sentimentaux.
Mutinerie. Pedro Luis Teixeira de Oliveira, 48 ans, natif de Rio, a fait irruption dans le paysage musical brésilien en 1997 avec un ovni intitulé Astronauta Tupy. Ponto Enredo est son quatrième enregistrement avec A Parede («le mur»), mais Pedro Luis mène de front plusieurs carrières : sa collaboration avec l'exubérant chanteur Ney Matogrosso a duré deux ans, et il s'occupe en parallèle de Monobloco, mega-orchestre de percussionnistes amateurs dont la popularité monte en flèche au Brésil.
Dès son titre, Ponto Enredo affiche une dimension religieuse : le ponto est la cérémonie de la macumba, un rite d'origine africaine apporté par les esclaves. On entend aussi, au fil du CD, le son très reconnaissable des batás, les trois tambours religieux de Cuba. Pedro Luis se défend pourtant de toute démarche mystique : «Leo Leobons, un percussionniste brésilien qui a étudié