Au physique, avantagé, belle gueule à la Ryan Gosling (mais gare au cheese cake…), le chanteur inconnu Slaid Cleaves est un composé rêvé de Murat et Chris Isaak. Au vocal, il sonne plaisamment las. Flottant entre Calexico (Cold And Lonely), Knopfler (Tiger Tom Dixon's Blues, ou Below), Chris de Stockton donc (Bring It On), voire James McMurtry pour le profil «Wasteland», Slaid Cleaves part d'un prototype country. Pas loin du hic-up à hi-hou ou du picking (Ken Chain, Horses), il œuvre depuis 1990, pris en main en 2000 par le label Rounder de son côté de l'Atlantique - qui n'est pas le nôtre, à nous qu'horrifie le génocide peau-rouge, avec «Nouveau monde» afférent.
Sauf que, entre les lignes hillbilly, un fil d'Ariane de spleen pionnier, blues de torpeur stylée du gars, nous intéresse et attache mine de rien. En poussant l'américanité soit au honky-tonk Délivrance à banjo grêlé (I Feel The Blues Moving In), soit à la litanie sans frontière (Sinner's Prayer, Cold And Lonely), on sent le gars proche d'un cœur de cible rock bipolaire familier.
Le rock, cette plainte, est français, rappelons-le, selon les théories du héros rocker amérindien adorateur de Piaf et créateur du Chat Bleu, Willy «Mink» DeVille. Le Texan d'adoption Cleaves, dans cet esprit, mouronnerait assez Rutebeuf-export, déplorant, en «gâs qu'a mal tourné» : «Je ne me cond