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Libération
Critique

Kings of the Congo

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World. Venus des bas-fonds de Kinshasa, touchés par la polio, les musiciens de Staff Benda Bilili sortent enfin de l’anonymat. Ils se produisent ce soir à Bourg-en-Bresse et la semaine prochaine à Paris.
publié le 9 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 9 juillet 2009 à 6h52)

Carpe diem post-concert, costard de sapeur élimé, casquette de cuir noir tombée : Ricky savoure l'instant. «On a envoyé le son, non ?» se marre le leader de Staff Benda Bilili. SBB : «Regarde au-delà des apparences», en lingala, langue véhiculaire d'Afrique centrale. Soit sept lascars antistars hilares de Kinshasa ; sept SDF de la capitale congolaise que la majorité, poliomyélitique, sillonne encore en carriole bariolée. Sept quasi-affranchis de la rue, qui forment un attelage interlope d'exilés de l'intérieur.

Bidouillage.Déformant l'héritage musical de rumba importée de Cuba pour mieux malaxer un son soul-funk-ragga venu de nulle part. Loin du flot de ndombolo crachoté par les radios. «Je ne connais que deux musiciens», souffle Ricky : James Brown et Michael Jackson. Le premier, il l'a vu en 1974, à l'ex-Stade du 20 Mai, en concert, lors du match Ali-Foreman. Le second, il l'a croisé à chaque coin de rue, par radio interposée… Pas du revival, SBB. Du survival. Un son comme un crochet du gauche. Blues de transe, rock magnétique, énergie jubilatoire ; 300 spectateurs au début du concert donné dimanche aux Eurockéennes de Belfort, 3 000 à l'arrivée l'ont expérimenté. A vous électriser un programmateur de festival, qui fait son autocritique : «J'aurais dû les mettre sur une scène de 1 5000 personnes, à 1 heure du mat, ça aurait déchiré.» Ricky, lui, 59 piges au compteur, 13 de plus que l'espérance de vie de la campagne congol