La différence entre la chanteuse jazzy-soul altière Erykah Badu et la comète de Halley, c’est qu’on est certain que l’astre, de réputation cosmique, passe sur la scène sidérale à peu près tous les soixante-seize ans. En revanche, voir la chanteuse texane en concert relève du miracle temporel (1). Née le 26 février 1971, Erica Abi Wright se fait si rare qu’elle ne répond en rien aux lois formulées de la mécanique céleste de Newton - guère plus d’ailleurs qu’aux intervieweurs, en général nombreux à toquer vainement au portillon de cette star afro-américaine rétive à l’exercice verbeux.
Et encore, lorsqu'ils parviennent à croiser regards ou paroles avec cette post-Néfertiti, c'est pour en rester sur le flanc (beauté, discrétion, précieux compendium), quoique bredouilles côté confessions intimes. Quelque part, cette femme à coiffes souveraines, souvent enturbannée, nous emmerde. Mais pas du tout au sens où elle susciterait quelque manière d'ennui - bien au contraire, puisqu'elle nous agrée pleinement depuis son premier et monumental album, Baduizm (1997). Comparée sur le papier, dans une lassante ritournelle, à l'immémoriale Billie Holiday, dont elle ne partage pourtant ni le goût du pavot ni la phonation rauque, Erykah Badu a tôt ouvert ses propres hostilités.
Binôme hip-hop. Dès l'école, elle fomente le duo rap MC Apples, auquel succédera un autre binôme hip-hop, familial cette fois (avec son cousin, direct sous l'éteignoir), labellisé Erykah Free. Quat