Jeudi, fin de matinée. Alors que les barrières ne s'effaceront qu'en milieu d'après-midi, des centaines de fans de Bruce Springsteen sont déjà présents à l'entrée du site de Kerampuilh, l'immense prairie où vont s'égayer les quelque 43 000 festivaliers de cette journée inaugurale des Vieilles Charrues. Pour sa 18e édition, le plus gros raout musical français (172 500 entrées payantes l'an passé), qui se déroule à Carhaix, bourgade de 8 000 habitants en Centre-Bretagne, s'est offert un rêve : accueillir Bruce Springsteen, et son mythique groupe, le E Street Band.
Depuis le début des années 80, l’Américain s’est produit 30 fois en France, mais seulement 9 en province. On parle d’un cachet d’un million de dollars, puis d’euros ? Black-out, le sujet est tabou. Reste qu’avec 43 000 entrées à 50 euros l’affaire reste rentable : 2,15 millions d’euros sont rentrés dans le tiroir-caisse des Vieilles Charrues.
15 h 18. Les portes s'ouvrent, délivrant des centaines de bipèdes sur l'herbe. Parmi tous les dératés qui détalent vers la scène, il y a Marie-Laure et Matthieu, qui viennent de Nice, avec deux amis : «S'il jouait sur la Lune, on se débrouillerait pour y aller», résume la trentenaire. Il faut dire que le concert de l'Américain à Carhaix est le seul qu'il donne en France dans le cadre d'une tournée européenne de vingt dates.
21 h 37. Bruce Springsteen, 59 ans, déboule enfin, tiags, jean foncé et chemise grise, avec sa troupe hist