Il est rare de voir tant de monde sur une scène, en dehors des très disciplinaires et terribles ouvertures de JO à Pékin. Le Défilé du Ballet de l’Opéra de Paris est un monument dans un monument, une institution dans l’institution. Mais il n’a rien d’effrayant. Il est tout aussi démesuré et fou que le Roi Soleil qui, en 1669, inaugura l’Académie royale de musique, nom initial de l’Opéra de Paris. Il est aussi très tendre, ce qui est aussi bien français. En quelque quinze minutes, nous voilà plongés au cœur de ce que nous aimons malgré nous : un défilé militaire et pyramidal, bourré d’énergie des anciennes et jeunes recrues, et tout dans l’affect.
Unique. Donné uniquement lors de manifestations exceptionnelles, le Défilé n'est pas un spectacle et est difficilement exportable. Unique en son genre - aucun ballet au monde ne proposant l'équivalent -, cet événement dit tout sur l'institution. Il ne saurait mentir. Il rassemble donc les 154 danseurs du Ballet en ordre de marche et de grade : les étoiles, les premiers danseurs, les sujets, les coryphées, les quadrilles. A ceux-là s'ajoutent les élèves de l'école de danse, aujourd'hui dirigée par une étoile, Elisabeth Platel.
Les danseurs se présentent lentement, depuis le fond du foyer de la danse du Palais Garnier (situé juste derrière le plateau). Ils s'avancent jusqu'au proscenium pour saluer le public, qui les tient en estime la plupart du temps et voit débarquer les futurs enfants-soldats de la danse, t