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Libération
Reportage

Combat continu contre l’oubli

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Hip-hop . La compagnie alsacienne Mémoires Vives crée une série de comédies musicales autour de l’histoire coloniale. Un travail nécessaire et documenté.
publié le 6 novembre 2009 à 0h00

Devant Billy et Gaga, deux guitaristes manouches, Michael, leur frère, danseur hip-hop, gitan aussi, tend les mains au ciel comme si des cendres tombaient sur lui. Ce sont celles de ses ancêtres brûlés aux fours nazis de la Seconde Guerre mondiale. Le spectacle qu’il chorégraphie en résidence dans la salle conventionnée du Pôle Sud à Strasbourg, Michael Stoll l’a coécrit pour ceux qui, comme lui, ne connaissaient pas l’histoire du génocide tsigane.

Le samudaripen a exterminé 250 000 à 500 000 gitans entre 1939 et 1945 ; s'il y a peu de documents sur ce génocide, c'est que dans la culture tsigane, on ne parle pas des morts. «Pour qu'ils ne reviennent pas nous hanter, dit Michael Stoll. En gitan, on dit : "Michto kaké !" C'est-à-dire "C'est bon en avance, on ne regarde pas derrière soi". Mais j'ai appris récemment que mon grand-père maternel était dans un camp d'internement en France, et celui de ma femme à Auschwitz.»

Ce jeune chorégraphe, membre de la compagnie Mémoires Vives à Strasbourg, dit reconstituer son propre puzzle ainsi. Après avoir participé aux deux créations de la compagnie, A nos morts et Folies-Colonies, Yan Gilg, directeur artistique de Mémoires Vives, l'a poussé à raconter sa propre histoire avec son langage, la danse hip-hop : «Ce sont mes deux cultures, assure Michael, et elles ont en commun d'être très freestyle, de ne pas respecter les règles.» Troisième création de la jeune compagnie strasbourgeoise q