Une communication à cœur avec l’amie du jour. De Stockholm, où elle vit depuis ses 6 ans, la nomade Belinda Kordic, 30 ans, confie ce qui la passionne : la naissance et les vieillards, l’amour, l’enfer et le salut, la musique. Comme elle parle, elle chante.
Votre point limite dans la déchéance ?
La drogue. Ma descente aux enfers sur Terre. J’y ai été, à fond, et fasse le ciel que jamais je n’y repique. Trop de drogue, et trop de drogues menant à la psychose, à la géhenne, j’y ai perdu l’esprit. Atrocement et absolument. Je sentais et voyais des choses qui n’existent pas, j’étais hantée, persécutée, engloutie dans les ténèbres… J’aurais dû finir raide morte, enterrée, ou alors gaga, baveuse, schizophrène en camisole, au pire de la condition humaine… Je ne souhaite pas cela même à mon pire ennemi - quoique, le pire… Mais j’ai été vernie : quelqu’un, dans la dégringolade, m’a tendu la main, donné une chance de me rattraper. Et je vous jure que j’ai saisi cette main de tout mon cœur. Je me suis agrippée désespérément, et j’ai FUI. Cela m’a pris deux ans, pour atterrir, et pouvoir sourire.
Seriez-vous chanteuse, si vous n’étiez pas marquée ainsi ?
Je sais que je suis du camp des «mutilés», musicalement comme littérairement. De cette famille triste des nerveux, tous mélancoliques. La «musique joyeuse», pour moi cela ne marche pas ensemble. Donc, oui, il faut être endeuillé, abîmé, pour composer des refrains sombres.
Killing Mood, «d’humeur à tuer»… vous-même, ou les autres ?
Les deux.
Pour dire que la mort est un mode de vie ?
Je crois sain de ne pas oublier l’existence et l’imminence de la mort, la précarité de la vie ; de se rappeler que le séjour sur cette Terre est une simple l