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Libération
Portrait

Le prince Charles

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Il a débuté avec Piaf et révélé Liza Minnelli. Il a triomphé à New York avant de séduire Paris. A 85 ans, Aznavour, crooner globe-trotter aux 100 millions d’albums, sort un nouveau disque à l’image de sa carrière : séduisant et éternel.
publié le 21 novembre 2009 à 0h00

Il est 11 heures du matin dans le hall parisien des éditions musicales Raoul Breton que Charles Aznavour a rachetées en 1995. A peine débarqué d'une tournée italienne à guichets fermés, le chanteur aux 100 millions d'albums vendus à travers le monde s'approche, du pas lent et léger de ceux qui ont appris à savourer chaque seconde de l'existence. Il arbore son plus jovial sourire, celui qu'on associe immédiatement à son divin classique Mes emmerdes.

La dernière fois qu’on a rencontré Aznavour, c’était il y a presque vingt ans, au bar du Royal Monceau. Il s’apprêtait à s’installer pour plusieurs jours au Palais des congrès avec Liza Minnelli, qu’il avait révélée des décennies plus tôt aux Parisiens. Il avait alors passé l’heure à répondre à des appels téléphoniques dont le barman l’avisait.

En ce début des années 90, les récompenses internationales n'avaient toujours pas eu raison des blessures narcissiques des débuts, quand la presse s'acharnait à démolir son timbre voilé, ses textes trop francs et son physique ne correspondant pas aux canons du music-hall : «Et pourquoi pas un chanteur avec une jambe de bois, tant qu'on y est ?» avait même écrit un journaliste perfide. Depuis les années 50, une certaine méfiance envers les médias s'était donc installée. A entendre le Charles Aznavour 2009, à le voir avec sa frite matinale, cette méfiance a clairement disparu.

Entre enfance et souvenirs

«Ne me demandez rien, je n'ai aucune mémoire», lance-t-il tout de go, tandis que l'on s'insta