Sacré Cœur III, banlieue résidentielle de la classe moyenne à Dakar. Une maison comme les autres, un étage et du carrelage blanc en façade. Un homme en boubou ouvre la porte et reçoit dans un salon tout cuir. Confort austère, aucun bibelot en vue, juste un tableau de La Mecque dans le couloir. L’endroit, manifestement, sert à recevoir. On ne verra rien des pénates privés, avec probable collection de disques et souvenirs des innombrables tournées. C’est tout un passé qui reste secret, à l’image du chanteur le plus connu du Sénégal, à égalité avec Youssou N’Dour - du moins à l’intérieur des frontières. Omar Pène est depuis trente-cinq ans la voix de son groupe, le Super Diamono. Sa sensibilité à fleur de peau rend son blues nettement perceptible, même aux oreilles qui ne comprennent rien au wolof, l’une des langues nationales du Sénégal.
Ce grand timide danse à peine sur scène. Planté derrière le micro, concentré, paupières closes, il reprend les vieux tubes et entre en communion avec son public. Ses «enfants», comme il dit, une notion plus large qu'en Europe, couvrant les mômes jusqu'à au moins 25 ans. Le Super Diamono excelle dans le mbalax, rythme rapide et saccadé du Sénégal, mélangé aux influences externes du moment, jazz, rock, disco, latino, reggae. Ces temps-ci, une carrière solo se profile pour Omar Pène à l'international, avec deux albums acoustiques, Ndam, en novembre dernier, qui a succédé à Miamba, en 2004. Le chanteur n'y perd pas son âm