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Critique

Un oratorio sans Dieu

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Contemporain . Le «Requiem» de Thierry Lancino sera créé ce soir à Pleyel, par le chœur et l’orchestre philharmonique de Radio France.
par Louis Séguin
publié le 8 janvier 2010 à 0h00

Il s'agit d'une commande de Radio France, mais à l'origine du projet, il y a le compositeur de l'œuvre, Thierry Lancino. Avec derrière soi Mozart, Verdi - et en France, Berlioz et Fauré -, écrire un Requiem est ambitieux. Le plus grand orchestre symphonique français, flanqué de son chœur et de quatre solistes, ne sera pas de trop. Pascal Quignard, contacté par Thierry Lancino, signe un livret qui veut donner à cette institution de la musique et de la religion une résonance nouvelle.

Rien d'étonnant, d'ailleurs, à ce que l'écrivain ait souhaité participer à la création d'une œuvre musicale. Pour mémoire, Quignard fut le fondateur du Festival international d'opéra et de théâtre baroque de Versailles, et il présida un temps le Concert des nations avec Jordi Savall. Thierry Lancino, ancien pensionnaire de la Villa Médicis et ex-compagnon de route de Pierre Boulez, partage avec Pascal Quignard une connaissance de la culture classique. Chacune de leurs œuvres assume et porte en elle l'histoire de l'art qui les produit. Ce qui devrait d'ailleurs en rassurer plus d'un, tant la musique contemporaine passe pour être inaccessible. Ce soir, le Requiem devrait être teinté de mélancolie baroque et de puissance romantique.

Mais alors, où est l'audace ? Car la route est courte entre classicisme et académisme. La théâtralité du Requiem est mise en avant. Pour le compositeur, ce genre doit être considéré comme «une forme d'oratorio» plutôt que comme une messe