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Libération
Critique

Bienvenue au «Cabaret Terezin»

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musique. A Paris, une évocation du camp nazi de Theresienstadt à travers les chansons qui y furent écrites.
publié le 12 février 2010 à 0h00

C'est un spectacle modeste. Trois vocalistes, un pianiste, une pancarte, une valise de cuir, une table, une chaise, des feuilles de papier. Certains le trouveront désuet, à l'heure où des metteurs en scène de théâtre ou d'opéra revendiquent leur droit à désarticuler la pièce d'un auteur célèbre, à en réécrire le texte, et à en modifier le contexte et les personnages, afin qu'elle leur ressemble. Rien de cette phobie de l'altérité dans le Cabaret Terezin monté par Isabelle Georges au Théâtre Marigny. Et pour cause : il s'agit de donner voix aux victimes d'une angoisse de l'autre si pathologique qu'elle déboucha sur la première «solution finale» industrialisée d'un peuple.

Grâce aux disques, mais également aux maisons d'opéra qui les ont programmés ces dernières années, on connaît nombre d'ouvrages des compositeurs juifs - Braunfels, Haas, Korngold, Krása, Krenek, Ullmann, Waxman - regroupés par les nazis en 1938 sous la bannière «musique dégénérée» et voués à l'exil ou la déportation. Cabaret Terezin propose de découvrir les chansons composées à Theresienstadt : une «colonie juive modèle» où des déportés virtuoses jouèrent la Flûte enchantée de Mozart ou le Requiem de Verdi en présence d'Eichmann ; où Haas, Krása et Ullmann créèrent leurs quatuors et opéras, et où sont morts 33 000 hommes, femmes et enfants.

Fougue. Un camp remaquillé en rieuse «station balnéaire» que la Croix-Rouge visitera en 1944, sans voir que, pour ces m