Ses compatriotes le décrivent comme l'artiste le plus complet de la Péninsule : chanteur à succès dès l'adolescence (premier 45 tours en 1964, à 13 ans), il s'impose au cinéma dès son premier rôle (Metello, 1970) avant de brûler les planches sous la direction de Giorgio Strehler ou Maurizio Scaparro. Ces dernières années, il s'est lancé dans la tournée fêtant ses quarante ans de chansons, sans abandonner ni le grand ni le petit écran, et a ajouté une corde a son arc : la mise en scène d'opéra.
Vue de France, la performance est insolite : passer de la chanson sentimentale (deux participations à l'Eurovision) aux classiques du théâtre (Shakespeare, Tchekhov, la commedia dell'arte) relève du grand écart. «Je ne vois pas les choses comme ça, tempère Massimo Ranieri dans un excellent français. D'autres l'ont fait avant moi : Sinatra, Sammy Davis Jr., Yves Montand… Ils ont été mes modèles. Et le premier de tous, c'est Aznavour.»
«Tournant». A 58 ans, Ranieri a gardé le regard innocent de Metello, l'ouvrier anarchiste du film qui l'a fait connaître (1). «Le réalisateur Mauro Bolognini, se souvient l'acteur, avait testé plusieurs comédiens, dont Jean-Paul Belmondo, sans être satisfait. Et puis il me voit chanter à la télévision et dit à ses collaborateurs : "Metello c'est lui, allez le chercher".» Pourquoi lui, un chanteur de charme, dans un film d'auteur ? «Parce que j'avais la gueule de l'emploi. Je viens d'u