Une rencontre avec Jacques Higelin est forcément un peu décousue. Le chanteur en convient, il «passe du coq à l’âne», ses réponses le font divaguer, ouvrir des parenthèses dans d’autres parenthèses… qu’il finit (presque) toujours par refermer. Higelin parle de son nouveau disque, de ses enfants, de Brigitte Fontaine, de sa carrière, mais en mélangeant le tout, ébouriffant perpétuellement sa crinière, fumant cigarette sur cigarette et mangeant des abricots au sirop.
Vous êtes passé d’Amor Doloroso à Coup de foudre, ça veut dire que ça va mieux ?
Les gens pensent souvent que Coup de foudre est un disque sur l'amour, la joie… Mais il y a deux coups de foudre : ça peut être quelque chose de fulgurant comme tomber amoureux d'une fille qui passe, de la musique, du ciel, des gens ou d'un instrument de musique… Ou bien quelque chose de dangereux : le coup de foudre, c'est aussi celui qu'on peut prendre en plein orage…
C’est votre deuxième album avec Rodolphe Burger…
Il est alsacien, comme moi. Un jour, en voiture, j'avais entendu quelqu'un chanter Old Man de Neil Young. Je me suis dit : «Mais qui est cet Américain avec cette voix formidable ?» Et la radio m'a dit : «Rodolphe Burger». Alors, je lui ai laissé un message et il m'a invité chez lui. Humainement je l'aime beaucoup, il est très cultivé, artiste jusqu'au bout des doigts…
Le disque est né à Sainte-Marie-aux-Mines, loin des studios parisiens…
Rodolphe a là-bas une grande ferme avec un grenier, très haut, magnifique, où il a fait construire un studio. Tu montes par un petit escalier en colimaçon, qui craque, qui grince. C’est un lieu qui a une âme, tout y est mêlé, la console est dans un renf