Au diable les arrangements, vive la crise. C'est la fête à l'harmonica. Brut. Cela souffle, pompe, gratte, gronde, en bougonnement de bogies migrants, lignes de fuite rythmiques à perdre haleine au long des voies ferrées de la grande dépression. Le cœur de l'harmonica bat la chamade, roule et racle (rock'n'roll), piétine et martèle - entre deux soupirs moanin'. C'est le blues. Nu. Le stomp, le boogie (pow wow, shuffle,ragtime,honky tonk). Le blues funèbre à vif en territoire Manitoba aboli, entre banjo white thrash Délivrance et trépidation «poultry» (country des poulets) White Lightnin'. Les titres du manifeste Shake A Bone à la clef (sac d'os, secoué et branlé avec le morceau éponyme) sont au diapason, parlants tel l'esprit de frontière. De Voodoo Doll hanté (figurine piquée) en Revolution Town fantôme, Guilty ébréché ou Stiletto acéré, en passant par le credo hobo : Nothing But The Blue. Du western aussi - c'est-à-dire, ici ou là, de la fatalité immémoriale. Exil, déportation, solitudes, vallée de pleurs, chaînes, faim, nuit noire, mors, peur, froid, gamelle à rata de racines et mal du déracinement, expiation psalmodiée ou rugie.
«Gammagoochie». C'est tout cela que réinvente, en nostalgie étrange de ruée vers l'or maison, Vagabonds de la faim rêvés, Benjamin Darvill alias Son Of Dave, en transe gammago