D'aucuns liront comme un ultime symbole le fait que Jean Ferrat soit mort un week-end d'élections. Peu, comme lui, avaient en effet autant incarné la notion d'engagement dans la chanson, à une époque où chaque syllabe détachée valait encore son pesant d'indignation, à l'instar d'un Quatre cents enfants noirs balançant dès 1963 sur un swing jazzy: «Quatre cents enfants noirs/Dans un journal du soir/et leurs pauvres sourires/Ces quatre cents visages/A la première page/m'empêchent de dormir…»
Un refuge en Ardèche
Jean Ferrat, dont la Montagne proto-écolo restera comme un des plus grands succès sociologiques, est mort samedi à l'hôpital d'Aubenas, dans l'Ardèche, à l'âge de 79 ans. Il y vivait à côté du hameau d'Antraigues-sur-Volane, point de passage mythique du rallye de Monte Carlo, qu'il avait découvert en 1964 et où il avait fini par s'établir en 1973 - il y fut un temps conseiller municipal -, au lendemain d'adieux à la scène qu'on ignorait encore si définitifs. «Il voulait vivre la même vie que chacun des villageois, et pas une vie de vedette», a affirmé le maire, Michel Desenti, réfléchissant dès samedi à un monument à son effigie. «C'était quelqu'un de très gentil, discret, les gens étaient très respectueux. Mais depuis quelque temps on sentait qu'il était fatigué, il n'avait pas envie de sortir de chez lui», a enchéri la patronne du bistrot. Diminué depuis plusieurs années par un cancer, souffrant de troubles respiratoires aigus, l'Ardéchois d'ad