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Libération
Critique

Le silence de Cage revisité

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Happening . Variations autour de «4’33’’», demain soir au centre Pompidou.
publié le 24 mars 2010 à 0h00

Ces 4 mn 33 s de silence firent grand bruit. Le 29 août 1952, le pianiste David Tudor interprète la partition en trois mouvements de John Cage devant une audience agitée, agacée par cette pièce déroutante devenue le tube du siècle. Lorsque, dans les années 40, John Cage visita la chambre sourde de Harvard, il s'attendait à y entendre le silence mais perçut les bruits internes de son corps. De cette impossibilité à trouver le silence surgit 4'33''.

Jeudi soir à partir de 19 heures, avec «4'33'' après J.C.», le centre Pompidou questionne conjointement avec l'Ircam l'héritage du compositeur d'avant-garde américain. Le titre narquois donne le ton. «Ce n'est surtout pas un hommage à Cage, dit Frank Madlener, directeur de l'Ircam, à ceux qui s'imaginent déjà une longue soirée mutique. Il ne s'agit pas de reproduire une expérience forte en son tempsmais de la réinterpréter au présent. Comment créer aujourd'hui un effet de surprise sur l'auditeur en 4'33''.» L'idée de cet événement part d'un constat. «Cette œuvre expérimentale a eu un impact majeur partout, sauf dans la musique, estime Madlener, c'est un compositeur qui a surtout influencé les arts plastiques. La nonchalance de Cage, sa pratique radicale de l'aléatoire, du hasard, a été rejetée par des compositeurs européens comme Boulez qui y voyait une abdication.» Madlener distingue deux axes dans l'héritage cagien. «D'une part, l'aspect