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Critique

«Treemonisha», opéra prémonitoire

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Ragtime . Composé en 1911 par Scott Joplin, le premier ouvrage lyrique afro-américain de l’histoire arrive au Châtelet, mis en scène par Bianca Li. Visite en coulisses.
publié le 26 mars 2010 à 0h00

Début mars à la Manufacture des Œillets. C'est dans ce hangar réhabilité, à dix minutes de la mairie d'Ivry, que commencent les répétitions de la toute nouvelle production du théâtre du Châtelet. Après de remarquables Mélodie du bonheur de Rogers & Hammerstein et The Sound of Music de Stephen Sondheim, Jean-Luc Choplin a choisi de faire découvrir Treemonisha, premier opéra afro-américain de l'histoire.

Prix Pulitzer. Composé en 1911 par Scott Joplin, roi du ragtime, cet ouvrage de forme classique, avec une ouverture, des préludes, arias, duos et ensembles, fit l'objet d'une unique exécution en 1915, au Lincoln Theater de Harlem. Joplin, qui accompagnait les chanteurs au piano, mourra deux ans plus tard, sans jamais avoir entendu son Treemonisha joué par un orchestre. Il faudra attendre 1972, pour qu'à l'initiative du Morehouse College et de l'Atlanta Symphony Orchestra, soit enfin créé sur scène cet opéra dont les thèmes - non-violence, lutte contre l'obscurantisme et les inégalités raciales, féminisme - et la musique, tissant bel canto, chœurs verdiens, folklore américain et negro spiritual, étaient trop audacieux pour l'Amérique ségrégationniste du début du XXe siècle. Mais c'est avec la production montée en 1975 par l'Opéra de Houston, dans une orchestration reconstituée par le compositeur et musicologue Gunther Schuller, présentée aussitôt après à Washington et Broadway, que Treemonisha s'es