Sans tapage médiatique, un violoncelle et une kora mobilisent de concert en concert un nombre croissant de spectateurs, conquis par leur art consommé du dialogue, à la fois fluide et virtuose. Au-delà d'une simple rencontre entre deux courants de musique ou deux cultures, Vincent Segal et Ballaké Sissoko développent dans Chamber Music un langage qui traduit à la fois la complémentarité, et surtout une grande qualité d'écoute. Leur idiome relie de manière inhabituelle deux continents par le charme de deux instruments séculaires, qui n'ont guère coutume de se côtoyer. Puisé aux sources de la tradition mandingue du griot malien et de la formation classique du violoncelliste, ce disque méditatif a été enregistré en mars 2009 à Bamako, dans le studio Moffou de Salif Keita. «La nuit pour éviter la chaleur accablante qui règne à cette période durant la journée au Mali, mais aussi pour l'atmosphère particulière, silencieuse et apaisée» raconte Vincent Segal dans un bar du Marais, au cours d'une halte parisienne avec son ami Ballaké.
La rencontre remonte à quelques années en arrière, du temps où les deux musiciens étaient signés chez Label bleu. Grâce au festival d'Amiens, Ballaké découvre Bumcello, le bouillonnant duo que Vincent Segal forme avec Cyril Atef. L'idée de l'échange germera progressivement, au fil de retrouvailles. Au fur et à mesure, la complicité s'installe entre l'Africain, né en 1967, qui a déjà croisé ses vingt et une cordes savantes avec le blues â