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Critique

Robert Sadin fait swinguer le Moyen Age

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Tribut . Le chef américain et des jazzmen ravivent sur un disque l’œuvre de Guillaume de Machaut.
publié le 27 avril 2010 à 0h00

Rondeaux ou virelais sont-ils solubles dans l'expression contemporaine ? Du Moyen Age au XXIe siècle, le fossé musical pouvait, certes, sembler infranchissable. C'était compter sans l'implication passionnée du chef d'orchestre américain Robert Sadin, récemment distingué pour ses productions - Gershwin's World de Herbie Hancock et Alegria de Wayne Shorter - qui efface les frontières du temps avec le concours d'un aréopage d'artistes actuels triés sur le volet, afin de redorer le blason d'un compositeur majeur de l'époque médiévale, Guillaume de Machaut.

Enthousiasme. Originaire de la région Champagne, né vers 1300 non loin de Reims, Machaut n'est pas inscrit dans la mémoire collective - hormis auprès d'une niche de la musique classique - malgré un franc succès en son temps qui lui a permis de marquer, un siècle durant, la production artistique européenne. Son dada, outre une œuvre narrative conséquente où prédomine le récit amoureux, fut la musique, qu'il s'est employé à révolutionner, poussé par certains doutes sur les évolutions de la société dans laquelle il a vécu jusqu'en 1377. On lui doit notamment le développement décisif de la forme polyphonique. La première messe à plusieurs voix, c'est lui.

Joint par téléphone à son domicile new-yorkais, Robert Sadin ne cache pas son enthousiasme autour de ce projet aussi inclassable qu'inattendu : «Dans le monde du classique, Guillaume de Machaut s'inscrit comme une référence de la pé