C'est le 2 mars 1968 que John Scofield a décidé de devenir guitariste de jazz. Ce jour-là, ce garçon américain de 17 ans, qui bricolait sur son manche les accords d'Albert King et Otis Rush, assistait à un concert de Jimi Hendrix au Hunter College de New York. «Instantanément, j'ai cessé de vouloir devenir guitariste de blues. Car comment faire mieux que Hendrix ?» se souvient-il. Ce sera donc le jazz, où le jeune Scofield espérait qu'il restait des choses à inventer.
Quarante ans plus tard, cet homme affable et humble a effectivement changé pas mal de cordes à la guitare jazz. Et, surtout, il est devenu l'un des principaux passeurs entre le straight ahead jazz et les nouveaux courants musicaux, gardant les oreilles bien ouvertes, à la manière d'un Miles Davis - avec qui il a joué. Ses passages fréquents à Paris permettent d'apprécier son jeu varié et polysémique.
L'an dernier, «Sco» était salle Pleyel pour revisiter quelques gospels avec le tonique Jon Cleary aux claviers. Le 23 avril, il a débarqué au New Morning avec le jeune pianiste new-yorkais Michael Eckroth, un de ses anciens élèves à la New York University (NYU), sur un répertoire à la fois classique et contemporain. Et le guitariste sera de retour cet automne dans sa formation habituelle de trio, avec Steve Swallow à la basse et l'incroyable rythmicien Bill Stewart à la batterie. Entre-temps, le 7 juin, Scofield aura sorti un nouveau CD, 54 (Universal), enregistré avec le Metropole Orchestr